Tom et Larry m’avaient prévenus à mon arrivée, le mercredi 2
avril (2014), en me conduisant de l’aéroport de Charleston à mon logement à Magnolia
Plantation : « lorsque
vous irez vous promener dans les marais, attention aux alligators » ! Ma première réaction a été de leur demander
si c’était une blague ou, du moins, s’ils n’exagéraient pas un peu le risque …
« C’est la saison des amours et les alligators sortent plus
facilement de l’eau et sont plus agressifs, si on s’approche trop près d’eux », m’assure Tom, traduit par Larry. Là, je commence
à les croire. Naïvement, je leur demande s’il y a aussi des alligators dans la
mer : on a beau être en avril, j’ai emporté mon maillot de bain au cas où
il ferait suffisamment chaud. « Non, non, me répond Tom, les
alligators ne vivent que dans l’eau douce » ! Ouf, mes envies de baignades pourront être exaucées. Mais Tom
qui m’a laissé quelques secondes pour me réjouir ajoute, perfide : « dans
la mer, il n’y a que des requins » …..
Audubon Swamp Garden à Magnolia Plantation
Drayton Hall
(Photo R. Pluchet)
Le vendredi, je suis emmené pour une visite de Drayton
Hall, une ancienne plantation, voisine de
celle de Magnolia, et aujourd’hui
site historique. Reçu par Georges, le sympathique directeur du site, je la visite en
compagnie de Benoît et sa femme Sally. Benoît un chaleureux
« colosse » à chapeau de paille appartient à une famille d’origine
française. A la fin de la visite, il me demande : « as-tu
vu des alligators ? » et semble
déçu pour moi de ma réponse négative. Vais-je manquer l’un fleurons de la faune
locale ? Benoît me conseille de bien observer et me rappelle que l’on
trouve des alligators dans tous les plans d’eau douce, donc ici aussi à Drayton
Hall. Reparti avec sa femme pendant que je
finis la visite, je le retrouve, sur la route, un kilomètre plus loin, tout
excité : il y a un alligator dans l’étang à 100 mètres d’ici. Nous nous
approchons doucement, mais il a plongé. L’eau est trouble, je ne vois rien …
rien qu’un bout de bois avec des noeuds qui flotte : c’est en fait la tête et le museau de
l’alligator qui sortent de l’eau !
Attention : alligators
Le lendemain, Pat (Patricia), l’une de mes sympathiques
interprètes, vice-présidente de l’Alliance Française de Charleston, m’emmène visiter Legare Waring House, une très belle propriété, au cœur de
Charleston cette fois. La maison, du XIXeme, est louée pour des
réceptions, et se prépare d’ailleurs pour un mariage. A 100
mètres, un magnifique étang, avec une curieuse pancarte : « Caution :
alligators » (« Attention :
alligators »). Comme je suis
accompagné, je pense que je n’ai pas grand-chose à craindre et, tel Tartarin,
je me fais photographier au bord de l’eau, près de la pancarte.
Attention aux alligators : étang près de Legare Waring House
Un alligator du Mississippi dans l'étang voisin
(Photo © Régis Pluchet)
Les alligators vivent dans les marais, fleuves et rivières
de tout le sud-ouest des Etats-Unis depuis le Mississippi jusqu’à la mer. Ils
appartiennent à la famille des crocodiliens, mais ne sont pas du même genre que
les crocodiles proprement dits. S’ils leur ressemblent beaucoup, l’une des
principales différences morphologique est leur museau aplati. À l’époque
d’André Michaux, cette particularité leur avait valu d’être appelés « caïmans
à museau de brochet », caïman étant l’appellation donnée par les francophones de
ces régions et alligator par les
anglophones. " Le nez est plus retroussé que celui d'un cochon, la tête aplatie de deux pieds quatre pouces et quelquefois davantage en longueur " note Michaux dans son journal, en précisant que : " Leur figure est horrible " !
Pendant plusieurs décennies, les zoologistes se sont interrogés sur la classification des différentes espèces de crocodiliens. C’est un alligator ramené du Mississippi en France par André Michaux qui a permis de définir cette espèce qui vit uniquement aux États-Unis, et qui porte désormais le nom d’Alligator mississippiensis dont le nom courant, en français comme en anglais, est alligator américain. Il existe par ailleurs en Floride une petite population d’une autre espèce, un "vrai" crocodile à museau long cette fois, Crocodylus americanus ou crocodile américain.
Pendant plusieurs décennies, les zoologistes se sont interrogés sur la classification des différentes espèces de crocodiliens. C’est un alligator ramené du Mississippi en France par André Michaux qui a permis de définir cette espèce qui vit uniquement aux États-Unis, et qui porte désormais le nom d’Alligator mississippiensis dont le nom courant, en français comme en anglais, est alligator américain. Il existe par ailleurs en Floride une petite population d’une autre espèce, un "vrai" crocodile à museau long cette fois, Crocodylus americanus ou crocodile américain.
Les alligators n'attaquent pas l'homme ... en principe !...
« Les alligators sortent toute l'année,
sauf s'il fait froid.
Ce sont des animaux à sang froid et dès le moindre
rayon de soleil ils sortent pour capter
la chaleur. Contrairement au
crocodile, l'alligator n'a pas le
sens d'attaquer. À moins de se sentir en danger il préfère s’éloigner,
tandis que le crocodile poursuit.
J'ai eu le plaisir d'en tenir un. C'était un bébé de 12 à 15 cm. Ceux que j'ai pris
en photo font de 1m 50 a plus de 2 m »,
m’écrit Magali. Française, passionnée de nature, Magali vit depuis longtemps
aux Etats-Unis et est guide-interprète à Middleton Place, l’une des anciennes plantations de la région, proche de Magnolia
Plantation.
Alligators à Middleton Place (Photo © M. Gignoux)
Les contemporains de Michaux
avaient déjà remarqué qu’il est exceptionnel que les alligators s’attaquent à
l’homme et qu’il est facile des le approcher. Lui-même signale que les alligators abondent dans les rivières et marais en Caroline et en Géorgie : " Ils avalent aisément les chiens, les cochons et les jeunes veaux, mais au moindre mouvement d'un homme, ils se précipitent dans l'eau ".
Son collègue et ami, le botaniste Louis Bosc qui était arrivé à Charleston en août 1796, quelques jours après le départ de Michaux pour la France et avait habité deux ans sur son jardin, écrit de son côté : « Je me suis amusé quelquefois en Caroline à les faire sortir de leur retraite et accourir vers moi en faisant japper mes chiens de chasse au bord des rivières. Je leur lâchais ordinairement mes deux coups de fusils ; mais quelquefois, je les laissais approcher pour pouvoir leur donner des coups de bâton, ce dont ils ne s’effrayaient pas beaucoup. Jamais ils n’ont cherché à m’attaquer ; ils se retiraient gravement lorsqu’ils voyaient qu’il n’y avait rien à gagner pour eux autour de moi », écrit Bosc. Certes, on peut leur « clouer le bec » facilement, en raison de la faiblesse des muscles qui ouvrent leur mâchoire. Mais, à l’inverse, quand elle se referme, leur mâchoire est un puissant broyeur. Si les attaques contre les humains sont très rares, elles sont toujours possibles quand ils se sentent en danger. Mieux vaut donc ne pas s’en approcher de trop près. Combien d’esclaves des plantations du XVIIIème et du XIXème en ont hélas fait les frais ! Ce n'est d'ailleurs pas sans une grande émotion que Michaux s'est trouvé, en mai 1787, obligé de traverser une rivière de Géorgie en partie à pied, puis sur un arbre : " au risque d'être attaqués par les alligators qui abondaient en ce lieu".
Son collègue et ami, le botaniste Louis Bosc qui était arrivé à Charleston en août 1796, quelques jours après le départ de Michaux pour la France et avait habité deux ans sur son jardin, écrit de son côté : « Je me suis amusé quelquefois en Caroline à les faire sortir de leur retraite et accourir vers moi en faisant japper mes chiens de chasse au bord des rivières. Je leur lâchais ordinairement mes deux coups de fusils ; mais quelquefois, je les laissais approcher pour pouvoir leur donner des coups de bâton, ce dont ils ne s’effrayaient pas beaucoup. Jamais ils n’ont cherché à m’attaquer ; ils se retiraient gravement lorsqu’ils voyaient qu’il n’y avait rien à gagner pour eux autour de moi », écrit Bosc. Certes, on peut leur « clouer le bec » facilement, en raison de la faiblesse des muscles qui ouvrent leur mâchoire. Mais, à l’inverse, quand elle se referme, leur mâchoire est un puissant broyeur. Si les attaques contre les humains sont très rares, elles sont toujours possibles quand ils se sentent en danger. Mieux vaut donc ne pas s’en approcher de trop près. Combien d’esclaves des plantations du XVIIIème et du XIXème en ont hélas fait les frais ! Ce n'est d'ailleurs pas sans une grande émotion que Michaux s'est trouvé, en mai 1787, obligé de traverser une rivière de Géorgie en partie à pied, puis sur un arbre : " au risque d'être attaqués par les alligators qui abondaient en ce lieu".
L’histoire arrivée à trois jeunes hommes en Louisiane, en juin 2014, illustre bien les risques. Un alligator de plus de 3 mètres de long, allongé sur la route, les ayant obligés à arrêter leur véhicule, ils ont cru naïvement – ils étaient un peu éméchés il est vrai ! - qu’ils pourraient rapidement surmonter l’obstacle en tirant l’alligator vers le fossé. Mais l’un d’eux s’est fait mordre à la main et en a été quitte pour 80 points de suture !
(© YouTube)
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